CECI n'est pas EXECUTE cena : Ethnographier le sensible, restituer l’expérience

Séminaires | 2015-2016

Ethnographier le sensible, restituer l’expérience

Séminaire coordonné par Sara Le Menestrel

Ethnographier le sensible, restituer l’expérience

Séminaire coordonné par Sara Le Menestrel

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Programme des séances

Mardi de 10h à 13h,
salle 12, 105 bd Raspail, Paris 6e,
du 18 novembre 2014 au 2 juin 2015


 

• 17 novembre – Introduction

• 15 décembre – Laura Fléty, LESC, Université Paris Ouest Nanterre
La danse morenada : Savoirs kinesthésiques, expérience collective et dépassement de soi. (La Paz, Bolivie)
Pour la grande célébration annuelle dédiée au saint patron catholique de la ville de La Paz (Bolivie), les danseurs de morenada exécutent une performance chorégraphique qui met en scène un collectif de personnages noirs aux masques et costumes opulents et chargés. Cette présentation s’attachera à saisir la nature de l’expérience corporelle des danseurs : endurance physique, contrôle des émotions, unisson gestuel. En s’intéressant aux techniques du corps, aux savoirs somatiques ainsi qu’aux sensations éprouvées par les danseurs à travers la mise en mouvement des costumes, la forte consommation d’alcool ou encore l’exécution répétée de formes chorégraphiques collectives, il s’agira d’appréhender le corps comme un véritable outil de connaissance et de porter un regard anthropologique sur la dimension sensible du langage dansé.


• 19 janvier, – Vincent Battesti, CNRS, MNHN et Nicolas Puig, IRD, URMIS

"Ça c'est le son de la société. Enquêter sur les perceptions sonores au Caire"

Nous avons cherché à  recueillir des ambiances sonores et la description de ces sons et leurs commentaires par les habitants du Caire. Pour cela, nous avons équipé des habitants de cette mégapole — choisis plutôt parmi nos connaissances et informateurs habituels — de microphones stéréophoniques de type binaural et nous leur avons demandé d’effectuer un trajet routinier : du domicile au lieu de travail ou une course dans le quartier. Nous avons donc obtenu dans un premier temps des enregistrements sonores. Ces habitants ont ensuite été invités à décrire l’enregistrement de leur trajet (description que nous avons donc aussi enregistré). De ce matériel nous espérons démontrer l’importance de la dimension acoustique dans la vie urbaine quotidienne du Caire (Égypte), la qualification des ambiances sonores par les habitants qui en sont finalement les producteurs.
Dans ce séminaire, nous détaillerons la méthode employée en relation avec le type de connaissance attendue.

• 16 févrierTiziana Leucci, CNRS, CEIAS
Le corps et sa mémoire : apprendre la danse en Inde du sud  avec les anciennes danseuses/courtisanes et leurs maîtres
Dans mon intervention, j'analyserai le processus d’apprentissage de la danse avec les anciennes danseuses/courtisanes (devadāsī/rājadāsī) et leurs maîtres (naṭṭuvaṉār), tels que je l'ai appris sur le terrain en Inde du sud, en situation d’observation participante ou plutôt de ‘participation observante’. Quand j’ai rencontré ces artistes (aujourd’hui très âgées, sinon disparues), elles ne pratiquaient plus la danse depuis des décennies suite à l’abolition de leur profession pour des raisons morales et politiques que j’expliquerai au cours de mon intervention. Pourtant, à la simple écoute de la musique, la mémoire corporelle des enchaînements de pas et de gestes leur revenait de manière étonnamment précise. Je souhaite ainsi réfléchir, avec les collègues et les étudiant-e-s participant-e-s au séminaire, aux différents aspects de cette mémoire du corps, par laquelle les ‘patrimoines’ artistiques familiaux et attachés à des temples sont restés inscrits malgré la complexité des trajectoires personnelles. Je me concentrerai aussi sur la transformation des techniques de ces formes chorégraphiques telles qu'elles sont transmises aujourd’hui dans les écoles privées et gouvernementales.

• 15 mars – Carine Plancke, Center for Dance Research, Université de Roehampton, LAS,
L’expérience sensible comme voie d’analyse des dynamiques dansées : transformations des danses au « Nouveau Rwanda »
Depuis sa prise de pouvoir, mettant fin au génocide en 1994, le Front patriotique rwandais a programmé la création d’une nation unifiée qui entre dans la « modernité » tout en restant ancrée dans ses racines. Dans ce but, la revitalisation de l’héritage culturel, en particulier des danses dites « traditionnelles », est fortement soutenue. Cette présentation porte sur les transformations que connaissent les danses rwandaises sous l’impact de l’idéologie gouvernementale du « Nouveau Rwanda ». Elle focalisera sur la troupe de jeunes Inganzo Ngari, qui, actuellement, sert de modèle aux autres troupes au Rwanda et est régulièrement invitée par des instances gouvernementales. Elle se basera sur ma participation aux répétitions et aux performances de cette troupe et mettra celles-ci en rapport avec mon expérience comme membre de la troupe parisienne Mpore créé par une danseuse formée avant le génocide. Elle examinera surtout comment mon expérience sensible, qui fut différente dans ces deux troupes, a été une voie d’accès importante pour discerner les transformations apportées par Inganzo. Dans la troupe Mpore, l’ouverture sensorielle et affective aux invitations corporelles des co-danseurs s’est révélée comme le fondement d’une danse réussie. Pour le cas d’Inganzo c’est plutôt la sensibilité à la forme que prend le corps dans chaque mouvement et son ajustement à celle des autres danseurs qui s’est avérée essentielle et qui m’a fait comprendre l’impact du besoin de créer une image visuelle forte du nouveau Rwanda.

• 12 avril 2016 –Benoît Lesage, médecin, chargé de cours à l'IFP (Psychomotricité) de Paris VI-Salpétrière, Danse-thérapeute,
Du sensible et de sa perception dans la danse : quel travail ?
La danse implique un travail du corps, qui peut s'entendre à deux niveaux : travail du corps constitué engagé dans une expressivité, mais aussi travail d'instauration du corps, toujours à construire. Apprendre à danser, c'est à première vue apprendre à effectuer des gestes en nuançant leurs modalités (directions, amplitude, coordinations, temporalité, intensités, qualités de flux…). Cette effectuation motrice suppose un affinement sensoriel, travail de perception qui balaye un champ phénoménal vaste et divers. Il faut repérer et construire les perceptions du corps (proprioception), de l'espace, du temps, des partenaires… Pour en saisir l'unité, il faut considérer la corporéité: le sujet apparaît en créant son corps, dans une interaction constante. Or s'aventurer dans la perception du corps en relation, c'est aussi questionner le sens de soi, l'histoire qui l'a construit, le jeu relationnel et donc émotionnel. On comprend dès lors que ce que mobilise ce travail puisse prendre place dans un projet thérapeutique.

•17 mai 2016 – Arnaud Halloy, Université de Nice Sophia Antipolis
« Pleine participation et réflexivité ethnographique »
Dans cette communication, j’interroge les conditions de production du savoir ethnographique, et en particulier celles relatives à l'engagement sans restriction de l'ethnographe sur son terrain, ce que je propose d'appeler la « pleine participation ». Une telle posture pose question, d’autant plus qu’il est généralement admis en anthropologie que l’objectivité du savoir produit repose sur la distance instaurée par l’ethnographe vis-à-vis de ses hôtes, qu’il s’agisse d’une « bonne distance » ou d’un « regard éloigné ». Une telle posture, toujours au nom de l’objectivité du savoir, tend également à rejeter toute donnée issue d’une démarche introspective de l’ethnographe sur sa propre expérience. A mes yeux, une alternative méthodologique existe à ces deux présupposés épistémologiques. Je défends en effet que la dite « objectivité « du savoir produit dépend non pas de la distance instaurée par le chercheur vis-à-vis de son expérience vécue ou des personnes avec qui il travaille mais vis-à-vis du savoir ethnographique lui-même, et que cette distance peut être obtenue à travers trois formes de réflexivité ethnographique que je détaillerai dans ma présentation. 

• 7 juin 2016 – Synthèse

 

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