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Les États désunis d’Amérique

Communiqué -À l’occasion de l’investiture présidentielle de Joe Biden, l’EHESS a noué un partenariat avec Mediapart pour donner la parole à sept chercheuses et chercheurs de l’EHESS sous forme de grands entretiens vidéos.Interviewés par François Bougon, responsable international de Mediapart, sept chercheurs et chercheuses de l’EHESS questionnent la campagne, le scrutin et l’investiture, et apportent un regard décentré sur les États-Unis. Que raconte cette investiture de la démocratie ? De quels États-Unis Joe Biden va-t-il hériter ? Comment repenser le contrat social de la démocratie américaine ?Cette série d’entretiens vidéos invite à mieux comprendre ce pays, si désuni, que quatre années de mandat trumpien ont profondément divisé.Chercheurs, chercheuses de l’EHESS interviewés (Mondes américains, Centre d’études nord américaines - Cena) :Marie Assaf, doctorante en études politiques à l’EHESS, sur le poids du handicap dans l’élection de Joe Biden, les systèmes de santé et les politiques d’emploi autour du handicap aux États-Unis et au Royaume-Uni.Voir la vidéoNicolas Barreyre, maître de conférences à l’EHESS (CENA), sur l’organisation et les formes de l’État américain au XIXe siècle.Voir la vidéoTamara Boussac, docteure de l'EHESS en histoire et civilisation des États-Unis (CENA), sur le parti républicain et l'avenir du trumpisme.Voir la vidéoEugénie Clément Picos, doctorante en anthropologie à l’EHESS (CENA), sur les luttes environnementales aux États-Unis.Voir la vidéoRomain Huret, historien des États-Unis, directeur d’études de l'EHESS, sur l’histoire politique et sociale des États-Unis.Voir la vidéoYann Philippe, maître de conférences en histoire à l'EHESS (CENA), sur les représentations policières, la réforme de la police et les politiques de lutte contre la criminalité.Voir la vidéoJean-Christian Vinel, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à Paris 7, sur l'histoire du travail, les questions économiques et sociales, et les politiques publiques.Voir la vidéo À découvrir sur :Site MédiapartYou Tube-EHESSFacebook EHESSTwitter EHESS En voir plusÉmission "À l’air libre", 4 janvier 2021, avec Tamara Boussac ContexteDepuis 2008, à l’occasion du scrutin américain, l’EHESS proposait « Nuit américaine », événement ouvert à tous qui donnait la paroles aux scientifiques, journalistes et acteurs de la société civile pour débattre autour d’enjeux contemporains qui traversent les États-Unis et que soulève la campagne elle-même et, d’autre part, pour discuter du scrutin. La pandémie et le deuxième confinement ont empêché la tenue de ce grand événement traditionnel auquel tient l’Ecole.Au regard de ce contexte, une nouvelle formule a été proposée à l’occasion d’une série d’entretiens vidéos en partenariat avec Mediapart. 

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Le Prix Lionel-Groulx 2020 a été attribué à Cécile Vidal (EHESS/Mondes Américains/CENA)

Prix et distinctions -Le Prix Lionel-Groulx 2020 de l'Institut d'histoire de l'Amérique française (Canada) a été attribué à Cécile Vidal (EHESS/Mondes Américains/CENA) pour son ouvrage : Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society, Williamsburg et Chapel Hill, Omohundro Institute of Early American History et Culture and University of North Carolina Press, 2019.Le plus prestigieux des prix décernés par l’Institut récompense le meilleur ouvrage portant sur un aspect de l’histoire de l’Amérique française et s’imposant par son caractère scientifique.

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Le prix de la recherche SAES/AFEA 2020 a été attribué à Cécile Vidal (EHESS/Mondes Américains/CENA)

Prix et distinctions -Le Prix de la recherche SAES/AFEA (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur/Association française d’études américaines) 2020 a été remis en visioconférence lors de l'assemblée générale de l'AFEA à Cécile Vidal pour son ouvrage : Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society, Williamsburg et Chapel Hill, Omohundro Institute of Early American History et Culture and University of North Carolina Press, 2019.

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Le Prix de la Fondation Martine Aublet 2020 a été décerné à Gilles Havard (EHESS/Mondes Américains/CENA)

Prix et distinctions -Le Prix de la Fondation Martine Aublet 2020, en collaboration avec le musée du Quai Branly - Jacques Chirac, a été remis à Gilles Havard le lundi 5 octobre 2020 au musée du Quai Branly - Jacques Chirac pour son livre L’Amérique fantôme. Les aventuriers francophones du Nouveau Monde, Paris, Flammarion, 2019.D’un montant de 10000 euros, le Prix Fondation Martine Aublet est décerné chaque année par la Fondation Martine Aublet, en collaboration avec le musée du quai Branly - Jacques Chirac, à une personnalité scientifique reconnue ayant contribué de façon marquante à la connaissance des cultures et des civilisations non-occidentales, soucieuse de transmettre son savoir à un large public, dans les domaines de l’ethnologie, de l’histoire extra-européenne et de l’histoire des arts.Son jury, présidé par l'ancien ministre Xavier Darcos, se compose de Dominique Bourgois, Philippe Carlier, Emmanuel Kasarhérou, Alain Minc, Malcy Ozannat, Bruno Roger, Baptiste Roger-Lacan, Mathieu Roger-Lacan, Carlo Severi et Serge Weinberg.

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Portraits des lauréates et lauréats des bourses d'accomplissement 2020 du Fonds de dotation

Prix et distinctions -Cette année, le Fonds de dotation de l'EHESS octroyait huit bourses d'accomplissement de thèse :trois de l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et du Fonds de dotation de l'EHESStrois autres du 8/9 des Hautes études et du Fonds de dotation de l'EHESS, deux portant sur "Droit et société" et la troisième sur "l'Intelligence artificielle"enfin, deux dernières de RBC Capital Market et du Fonds de dotation de l'EHESS, la première sur la thématique de la "Frontière" et la seconde sur "l'Eau".Découvrez ci-dessous les résultats et les parcours et travaux des lauréat·es, à qui l'EHESS adresse ses plus vives félicitations. Lauréates et lauréats du concours des bourses d'accomplissement de l'Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts et du Fonds de dotation de l'EHESS :Marcos Azevedo – « Habiter la souffrance psychique : l'accompagnement à domicile en santé mentale »Je m'intéresse depuis une dizaine d'années aux questions de psychiatrie et de santé mentale. Diplômé en psychologie, j'ai travaillé dans des services hospitaliers et de soins ambulatoires à Rio de Janeiro avant de rejoindre le master Santé, médecine et questions sociales à l'EHESS (2014-2016). J'ai ensuite été admis au doctorat au sein de cette même formation sous la direction conjointe d'Isabelle Ville et de Nicolas Henckes. En tant que clinicien, j'ai été conduit à effectuer régulièrement des visites à domicile auprès de personnes atteintes de troubles psychiques sévères, thématique autour de laquelle je développe mes recherches en sociologie. J'avais déjà mené, au cours de mon master, une étude sur le travail d'intermédiation locative d'associations péri-hospitalières ou du champ médico-social auprès de patient·es en psychiatrie. Ma thèse prolonge cette investigation et analyse les politiques publiques en la matière, les modes de prise en charge et les pratiques professionnelles qui prennent place au sein de différentes structures accompagnant les personnes handicapées psychiques et, enfin, l'expérience d'habitation de celles-ci. Mes travaux de thèse étudient ainsi la façon dont la cartographie post-asilaire française se dessine aujourd'hui autour du domicile, les activités socio-éducatives et de soin que s'y réalisent et, enfin, les manières d'habiter avec un handicap psychique et un accompagnement qui y prennent forme. Marine Duros – « Valoriser l'immobilier. Genèse et institutionnalisation du secteur de l'immobilier financiarisé en France, des années 1980 à nos jours »Après avoir intégré le département de sciences sociales de l’ENS de Cachan, j’ai effectué le master Politiques publiques et développement de l’École d’Économie de Paris, où j’ai rédigé un mémoire portant sur les effets du prolongement de la ligne 13 du métro à Asnières-sur-Seine et Gennevilliers sur les prix de l’immobilier et l’évolution de la composition socio-économique de ces quartiers. J’ai ensuite enseigné le français pendant un an dans un lycée à Rome avant de commencer une thèse en sociologie à l’EHESS, sous la direction de Florence Weber. Ma recherche porte sur la financiarisation du secteur de l’immobilier en France de la fin des années 1980 à nos jours, période caractérisée par l’accroissement de la part de l’immobilier détenue par des gestionnaires d’actifs (fonds d’investissement dédiés à des institutionnels ou des particuliers, foncières cotées, etc.) dans les grandes métropoles françaises. Cette thèse, qui mêle analyse d’archives, entretiens et un an d’ethnographie dans ce monde professionnel, étudie la manière dont s’est constitué ce nouveau champ, à l’intersection de la finance et de l’immobilier, et l’architecture institutionnelle sur laquelle repose la construction de la valeur dans ce secteur. Dans l’analyse, une attention particulière est donnée aux périodes de « crises » qui ont historiquement marqué le secteur (1991, 2008 et période actuelle) et à la manière dont celles-ci contribuent à reconfigurer les rapports entre acteurs du champ. Camille Rivière – « Le gouvernement de la biodiversité, le cas de Natura 2000 en France »J’ai intégré l’EHESS en master 2 de sociologie générale après une formation en sciences politiques et un passage en école de commerce. Ma thèse de doctorat, réalisée au Cems sous la direction d’Ève Chiapello et financée par le Labex Tepsis porte sur la principale politique européenne de protection de la biodiversité, le réseau « Natura 2000 ». En mêlant une approche socio-historique et une étude de cas ethnographique dans un parc naturel régional dans le sud-est de la France, je cherche à retracer les transformations des politiques publiques environnementales depuis le début des années 1990.Attentive aux acteurs, aux instruments et outils de mise en œuvre mais aussi aux circuits de financement qui font exister cette politique, je questionne la forme particulière de gouvernement de l’environnement portée par ce dispositif. Celui-ci rencontre de nombreux obstacles sur son passage : créer à l’échelle européenne des territoires de biodiversité, définir scientifiquement la biodiversité à protéger, instituer des outils incitatifs pour des bénéficiaires difficiles à mobiliser, s’inscrire dans des temporalités et des discours financiers. Autant d’éléments matériels qui façonnent nos rapports collectifs à la nature.  Lauréat·es du concours des bourses d'accomplissement du 8/9 des Hautes Études et du Fonds de dotation de l'EHESS (Thématique « Droit et société ») :Le Fonds de dotation de l'EHESS tient à remercier Mayer Brown Paris et les amis du 8/9 des Hautes études pour leur généreuse contribution aux bourses "Droit et société" et "Intelligence artificielle".Leila Drif – « La protection des réfugiés comme acte de dépossession : perspectives anthropologiques sur un espace-refuge syrien à Beyrouth »C’est en 2011 que se tisse mon premier contact avec le Liban. J’ai la chance d’y séjourner six mois dans le cadre d’un master d’Histoire à Paris Panthéon-Sorbonne. Alors que je mène mes recherches documentaires sur l’installation, en 1919, des réfugiés arméniens à Beyrouth, je suis témoin de l’arrivée, dans cette ville, des premiers réfugiés de Syrie. La continuité avec mes futures recherches est toute trouvée : je rejoins alors l’EHESS au sein de la formation Étude comparative du développement dans le but de me former à la pratique ethnographique, tout en finissant une licence d’arabe à l’Inalco. Mon mémoire de master, réalisé sous la direction de Michel Agier, porte sur le rôle des acteurs humanitaires dans « l’inclusion différentielle » des populations étrangères des quartiers précaires de Beyrouth. Grâce à un contrat doctoral du Labex Tepsis, je poursuis ce questionnement dans ma thèse d’anthropologie, préparée à l’Iris sous la codirection de Blandine Destremau et de Michel Agier. Le cadre monographique de mon enquête dans un quartier d’installation de réfugiés syriens, conjugué à de minis-enquêtes multi-situées au sein du dispositif humanitaire, me conduit à m’intéresser à la manière dont les rapports sociaux recréent localement des formes alternatives de protection pour les personnes réfugiées, dans un contexte national où le droit d’asile n’est pas reconnu. Maxime Gelly-Perbellini – « Construire la figure de la sorcière en France à la fin du Moyen-Âge. Justice, représentations et circulation des savoirs et des imaginaires (XIVe-XVe siècles) »Après des études à Nancy et l’obtention de deux licences, en Histoire et en histoire de l’art, à l’université de Lorraine, j’ai intégré la formation Histoire et Civilisations de l’EHESS pour mon master, sous la codirection de Marie Anne Polo de Beaulieu et de Jérôme Baschet. L’étude que j’ai alors menée sur la tératologie et le merveilleux médiéval m’a incité à poursuivre mes réflexions, dans le cadre de mon doctorat, sur les systèmes de construction et de circulation des imaginaires à l’œuvre dans la répression de la sorcellerie dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVe siècles). La thèse que je mène depuis 2014 sous la codirection de Marie Anne Polo de Beaulieu à l’EHESS au sein du groupe d’Anthropologie historique du long Moyen Âge (Ahloma, CRH) ainsi que d’Alain Dierkens à l’Université libre de Bruxelles, se propose ainsi d’interroger la construction du crime de sorcellerie et de questionner les mécanismes, en particulier misogynes, de sa féminisation. Mes recherches, s’inscrivant notamment dans le champ des Witchcraft Studies, mobilisent une documentation inédite, en particulier judiciaire, et visent, selon une approche interdisciplinaire, à fournir de nouveaux jalons à la compréhension de la genèse médiévale de la chasse aux sorcières. Depuis 2016, j’enseigne également l’histoire médiévale à l’université de Reims Champagne-Ardenne, d’abord en tant que chargé de cours puis en tant qu’attaché temporaire d’enseignement et de recherche rattaché au Centre d’études et de recherche en histoire culturelle (Cerhic). Par ailleurs, afin d’enrichir et de diffuser mes recherches, j’aurai la chance d’être chercheur invité à l’université de Lausanne en septembre 2020. Lauréate du concours des bourses d'accomplissement du 8/9 des Hautes Études et du Fonds de dotation de l'EHESS (Thématique « Intelligence artificielle ») :Ségolène Mathieu – « Circulation des imaginaires dans le développement de l'intelligence artificielle : dialogue entre sciences et fictions, réalités et fantasmes »En 2017, cinq ans après un master à Lyon-II et diverses expériences professionnelles, j’ai réintégré le cursus universitaire grâce à une Année Préparatoire au Doctorat au campus EHESS-Marseille / Centre Norbert-Elias. En 2018, j’ai commencé mon doctorat avec un projet intitulé « Circulation des imaginaires dans le développement de l’intelligence artificielle : dialogue entre sciences et fictions, réalités et fantasmes », sous la direction de Georges Guille-Escuret (CNRS/CNE) et de Jean-Gabriel Ganascia (CNRS/LIP6) au campus EHESS/Marseille (CNE). Dans une optique interdisciplinaire, mes recherches abordent la question de l’intelligence artificielle dans une perspective anthropo-historique en questionnant épistémologiquement son émergence en tant que discipline. Cette approche m'a permis de mettre à jour les liens entre l'intelligence artificielle et la littérature de science-fiction et ainsi d’interroger les liens et les influences qu’entretiennent depuis les années 1940-1950 les scientifiques et les auteurs de science-fiction. Mon travail de thèse s’appuie sur une méthodologie interdisciplinaire en sciences humaines et sociales mais également sur l’utilisation d’outils numériques empruntés à l’informatique, ce qui inscrit également ce travail dans les humanités numériques. Je fais partie depuis 2019 du PRI Intelligence artificielle et sciences sociales de l’EHESS. Lauréat du concours des bourses d'accomplissement RBC et du Fonds de dotation de l'EHESS (Thématique: « Frontière ») :Emmanuel Falguières – « Construire l'espace, faire communauté dans les Grandes Plaines aux États-Unis. Une histoire spatiale et sociale des communautés rurales (1870-1930) »Initialement formé aux études cinématographiques, j’ai travaillé pendant plusieurs années dans le cinéma documentaire et expérimental. C’est ainsi que je traverse les Grandes Plaines des États-Unis et que pour la première fois me frappe cet espace liminaire du centre du continent. De cette rencontre naît mon sujet de doctorat mené à l’EHESS au sein du laboratoire Mondes Américains et du Centre d’études nord-américaines sous la codirection de Romain Huret et Nicolas Barreyre.De l’appropriation coloniale des terres à la construction d’un sens des lieux par les populations rurales, ma thèse s’attache à l’étude des cinquante premières années de la colonisation de cette « Frontière » qu’était, à la fin du XIXe siècle, les Grandes Plaines pour les États-Unis. Entre 1880 et 1930, des populations migrantes non-Amérindiennes s’installent durablement sur les plaines et construisent un nouvel espace rural qui deviendra au cours du XXe siècle un « cœur » de la nation. Dans ces vastes espaces, l’appropriation de la terre se double d’une production de la localité. En s’intéressant au rôle de l’État, des institutions communautaires, comme l’école, ainsi qu’aux productions culturelles, mon travail cherche à déplier les rapports sociaux de l’espace dans cette ruralité agricole. Ces liens spatialisés mènent à s’interroger sur les constructions territoriales qui permettent l’enracinement de certaines populations dans le paysage.Une fois cet enracinement amorcé, une seconde appropriation des terres peut alors se jouer pour la seconde génération, née sur les plaines et fille des « pionniers. » Moins centré sur l’acquisition d’un patrimoine foncier, ce second temps de la colonisation se construit autour de l’émergence de représentations réflexives des communautés sur leur territoire, notamment dans la production de cartes vernaculaires du local. Ces images sont à la fois représentations et agents de l’émergence au début du XXe siècle d’un sens d’appartenance des populations à leur lieu d’habitation qui de « frontière » se change en « campagne ». Lauréate du concours des bourses d'accomplissement RBC et du Fonds de dotation de l'EHESS (Thématique : « L'eau ») :Natalia Briceño Lagos – « Exploitation de l'eau marine, restructurations professionnelles et incertitudes : l'expérience de l'emploi ouvrier dans l'industrie exportatrice du saumon en Patagonie chilienne »Après une licence en sociologie au Chili, j'ai travaillé pendant deux ans dans une ONG sur les problématiques socio-environnementales qui affectent les communautés côtières en Patagonie. Cette expérience de terrain m'a motivée à traverser l'océan et intégrer le master en sociologie de l’EHESS. Par la suite, et avec le soutien financier du gouvernement chilien, je me suis inscrite en doctorat de sociologie pour mener une thèse qui prolonge mon travail de mémoire. Sous la direction de Serge Paugam (CMH) et Kathya Araujo (IDEA-USACH), ma recherche vise à analyser et comprendre les effets de l’ouvriérisation d'une population d'origine rurale confrontée à l'arrivée de l'industrie d'élevage et d'exportation de saumon à l'île de Chiloé, en Patagonie chilienne. Le capitalisme néolibéral d'élevage du saumon n'est pas qu'un mode de production particulier et nouveau dans l'île de Chiloé, mais son installation a déterminé aussi des nouvelles formes sociales d'organisation des interactions y compris avec l'économie et la nature. Il est pertinent de retenir une information peu connue des Européens : le Chili est le deuxième exportateur mondial de saumon après la Norvège.L'étude de cette condition ouvrière se situe dans un pays où le modèle de développement se fonde sur l'exploitation et l’exportation des ressources naturelles. L'industrie du saumon repose justement sur cette forme de production : la ressource indispensable pour mener des activités aquacoles est l’eau marine. Paradoxalement, le déclin de la qualité des eaux, produit par son exploitation industrielle et sa pollution à outrance, met en péril l'existence même de ce secteur, qui emploie aujourd'hui 71 000 personnes. Cette instabilité a un impact direct non seulement sur l'emploi mais aussi sur la construction de l'expérience vécue du travail ouvrier.Aujourd'hui, je mène mon travail d'écriture de thèse en même temps que j'exerce des fonctions de chargée de mission au sein de l'association internationale Women in the Seafood Industry. Cet engagement me permet de conjuguer deux sujets qui me tiennent personnellement à cœur : l’égalité de genre et la gestion durable des océans. Grâce à mon travail de thèse, j'ai développé une expertise autour de l’industrie aquacole – dont sa force de travail est principalement féminine – qui m'a permis de contribuer largement à la mission de l'association : mettre en valeur la contribution des femmes à la pêche et l'aquaculture ainsi que favoriser une prise de conscience des inégalités de genre présentes dans ce secteur.  

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Gilles Havard et Denis Laborde, médaillés d'argent 2020 du CNRS

Prix et distinctions -Gilles Havard et Denis Laborde ont tous deux reçu les médailles d'argent 2020 du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui distingue des chercheurs et des chercheuses pour l'originalité, la qualité et l'importance de leurs travaux, reconnus sur le plan national et international. En même temps qu'eux, quatre autres chercheurs et chercheuses obtenaient une médaille de bronze, qui récompense quant à elles leurs premiers travaux et les encourage à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes. Découvrez leur parcours et leurs sujets de recherche. Gilles Havard, historien, directeur de recherche du CNRS (Mondes Américains)Après plusieurs années d’enseignement de l’histoire-géographie dans des collèges de Zone d’éducation prioritaire à Paris, Gilles Havard, agrégé d’histoire (concours préparé à Rennes-II) et docteur en histoire (Paris-VII), est recruté au CNRS en 2006.Il rejoint alors le Centre d’études nord-américaines et le laboratoire Mondes Américains, à l’EHESS, où il obtient son HDR en 2013.Ses travaux, qui adoptent une perspective anthropologique, portent sur les relations entre Européens et Indiens en Amérique du Nord (XVIe-XIXe siècles). Ils s’interrogent sur le rôle des contacts culturels dans la façon dont se construisent les sociétés coloniales et, parallèlement, dont s’actualisent les usages amérindiens. Dans ce cadre, G. Havard a voulu renouveler l’histoire de l’empire colonial français du Nouveau Monde en analysant le bricolage outre-Atlantique des pratiques juridiques et diplomatiques de la monarchie. Il s’est aussi efforcé de restituer les logiques culturelles indiennes dans leur singularité, en mobilisant les travaux ethnologiques comme grille de vraisemblance de ce qui a été consigné dans les archives coloniales.Son livre Empire et métissages (2003) et son article « Le rire des jésuites » (Annales, 2007) témoignent de cette approche. L’autre axe, contigu, de sa recherche, porte sur le passé franco-indien de l’espace nord-américain, celui d’avant la « Conquête de l’Ouest ». À travers la figure élusive du coureur de bois, personnage situé à l’intersection du monde colonial européen et des mondes amérindiens, il a proposé une nouvelle généalogie de l’histoire nord-américaine : dans Histoire des coureurs de bois (Grand Prix des Rendez-vous de l’histoire de Blois 2016), il s’interroge, dans une veine comparative, sur la construction et les pratiques de ces sous-cultures mobiles et masculines qui s’incorporent dans les pays indiens sans les coloniser ; dans L’Amérique fantôme (2019), changeant d’échelle d’observation, il met en série une dizaine de parcours de vie de coureurs de bois francophones, qui s’offrent comme autant de cas limites, dans la perspective de la micro-histoire.Voir son portrait en vidéo Denis Laborde, anthropologue, directeur d'études à l'EHESSAprès des études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, Denis Laborde enseigne en conservatoire et dirige à Radio France la création mondiale des Crystal Psalms d’Alvin Curran (New Albion Records). Il découvre l’anthropologie, prépare un doctorat de l’EHESS sur les improvisations poético-musicales du bertsulari basque (Nicole Belmont). Devenu rédacteur en chef de la revue Ethnologie française, il entre au CNRS (Laios). Nommé à Göttingen (MHFA – Max Planck Institut für Geschichte) puis à Berlin (Centre Marc Bloch), il organise un réseau international de recherche sur les Musiques du Monde. À son retour, il intègre le centre Georg Simmel et est élu à une direction d’études à l’EHESS. En 2017, il fonde à Bayonne l’Institut ARI (Basque Anthropological Research Institute on Music), devenu une équipe de l’UMR Passages (UMR 5319).Denis Laborde fait de la musique un outil d’analyse des sociétés humaines. Il concentre son attention sur les situations, emprunte à l’anthropologie sociale ses appuis théoriques, nourrit un dialogue permanent avec l’Histoire, la philosophie et une sociologie d’inspiration pragmatiste. Dans le répertoire traditionnel basque comme dans les mondes du jazz, il s’intéresse à la façon dont un musicien ou une musicienne érige l’environnement en ressource d’action. Il démontre alors que, bien loin d’être un jeu de hasard, l’improvisation est un jeu d’adresse : on ne s’improvise pas improvisateur (La mémoire et l’instant ; Thelonious Monk, sculpteur de silence). Son intérêt pour l’analyse situationnelle le conduit à interroger des situations à conflit déclaré, en particulier les dénonciations de blasphème (Bach à Leipzig, vendredi saint de 1729 ; The unbearable sound: the strange career of musicoclashes, MIT Press ; « Écouter la musique, c’est un grave péché », Genève). La réflexion qu’il mène en Allemagne avec Patrice Veit sur les lieux de musique le conduit à travailler sur les figures du savoir et les institutions culturelles. Il coordonne plusieurs publications (Allemagne, l’interrogation, avec Alf Lüdtke ; Erinnerung und Gesellschaft, Maurice Halbwachs (1877-1945) avec Hermann Krapoth ; Désirs d’histoire avec Michael Werner ; Le Cas Royaumont, Paris). Puis il fonde à Bayonne l’Institut ARI au moment où cette ville devient une porte d’entrée pour des migrants : 12 000 personnes accueillies sur place en une année. Le besoin d’intelligibilité qui émane de la société civile l’incite à consacrer ses recherches à la façon dont la fabrication de musique accompagne celles et ceux qui se trouvent en situation de migration forcée tout au long de leur périple (Migrants Musiciens, Genève) : pourquoi de la musique en de telles circonstances ? et que produit donc cette fabrication de musique ? Avec l’Institut Convergences Migrations, puis avec Columbia University et le Center for World Music de Hildesheim, il structure des projets internationaux sur ce thème. Avec ses doctorants, il crée une forme originale d’écriture scientifique : le festival Haizebegi, les mondes de la musique : des concerts, des films, des ateliers, des colloques, des rencontres qui permettent à des musiciens et aux spectateurs les plus divers de partager cette libido sciendi qui anime ces chercheurs qui, comme lui, font de la musique un outil d’intelligence des sociétés humaines. 

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Les Etats-Unis comme terrain ethnographique

Colloque - Vendredi 14 décembre 2018 - 09:00Omniprésents dans le monde contemporain, objet d’attraction et de répulsion, saturés de stéréotypes, les Etats-Unis demeurent pourtant un objet d’étude en marge des sciences sociales. En dépit de la position hégémonique des anthropologues américains, ils sont de fait un « centre » déserté par l’anthropologie française et plus largement européenne. Cette journée d’étude invite à dépasser cette défection en réunissant des anthropologues et des sociologues travaillant sur les Etats-Unis avec deux objectifs : engager une réflexion sur la place des Etats-Unis comme terrain ethnographique ; offrir l’occasion aux étudiants qui souhaitent se spécialiser sur les Etats-Unis de participer à un débat sur les enjeux, les problématiques et les pratiques de l’anthropologie nord-américaine.Programme 9h – Accueil9h15 – Sara Le Menestrel : Introduction9h30 – Keynote speaker George E. Marcus, University of California at IrvineThe Ethnographic Method as Rite of Passage in North American Anthropology... and the Futures That Shape Research Careers.10h30 – Jessica Cattelino, University of California at Los AngelesPassions for Interests: Water and Rural Political Belonging in America11h15 – Pause11h30 – Philippe Bourgois, University of California at Los AngelesViolent Governmentality: The Carceral and Psychiatric Mismanagement of Contemporary US Inner-City Poverty and Addiction12h15 – Bowen Paulle, University of AmsterdamThe Micro-foundations of Violent Offender Rehabilitation: A Second-to-second Analysis of Everyday Troubles and Operational Excellence in the GRIP Program13h00 – Pause déjeuner14h30 – Table-ronde : Enjeux du terrain étatsunien, pluralité des pratiques.16h00 – Atelier avec les étudiants du séminaire « Anthropologie nord-américaine »La journée se déroulera en anglais. Les interventions seront limitées à 10mn.Elles s’appuieront sur des articles disponibles sur une dropbox.Inscription obligatoire auprès de Sara Le Menestrel

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Entretien avec Marie Assaf, doctorante de l'EHESS, sur l’état de la recherche sur les politiques du handicap

Échos de la recherche -Doctorante de l'EHESS en Études Politiques (Centre d'études nord-américaines - Laboratoire Mondes américains), Marie Assaf travaille sur les politiques d'emploi à destination des personnes handicapées aux États-Unis. À travers son analyse ethnographique des pratiques et di (...)(...)

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Cycle « Sciences sociales et cinéma » : Nomadland de Chloe Zhao, avec Romain Huret

Projection-débat - Lundi 17 janvier 2022 - 19:45Présentation du cycleLe cycle « Sciences sociales et cinéma », organisé par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et mk2, propose chaque mois de venir découvrir une œuvre cinématographique, suivie d’une discussion avec une chercheu (...)(...)

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Lectures estivales des Carnets de l'EHESS

Échos de la recherche -Fidèle à sa vocation d’éclairer le débat public grâce à la mobilisation des sciences sociales, l’École a lancé, au cours de la dernière année, deux Carnets de l'EHESS sur des thèmes d’actualité : Perspectives sur le coronavirus et Perspectives sur l'après-George Floyd. Dep (...)(...)

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